Ancien sous-officier des sapeurs-pompiers, Omar Badji, Expert consultant à Sahel Globale Sécurité, n’est pas resté indifférent suite au tragique effondrement d’un immeuble qui a causé la mort de 5 personnes, avant-hier à Rufisque (Dakar).
Le spécialiste en sécurité incendie, a d’emblée tenu à sensibiliser les Sénégalais porteurs d’un projet de construction afin qu’ils puissent prendre les devants. Il explique : <<La réglementation sénégalaise prévoit que tout citoyen sénégalais devant construire un bâtiment d’habitation, un établissement recevant du public ou une installation classée pour la protection de l’environnement, doit être assujetti à une demande d’autorisation de construire. Pour obtenir ce sésame, il doit fournir certains documents dont la notice de sécurité, le plan de l’urbanisme, les plans architecturaux, le plan cadastral… Cette exigence, qui est soumise à une réglementation, doit être remplie pour que l’autorisation de construire puisse être délivré au demandeur.>>
Parlant sous le couvert de l’anonymat, un administrateur civil aborde sans réserve cette question d’une brulante actualité. Il demande l’application du Code de l’urbanisme qui organise toute la partie réglementaire législative jusqu’à la réception des ouvrages.
<<Ce Code doit être appliqué vigoureusement. Les services compétents, notamment les services régionaux de l’urbanisme, l’Inspection des bâtiments, la Descos doivent être à pied d’œuvre pour contrôler tout le processus. Première chose à retenir : aucun bâtiment ne doit être construit dans une zone non aedificandi. Généralement, au Sénégal, ce sont des marigots et des marécages qu’on remblaie pour y construire des bâtiments ou même des cités. Les pays qui le font utilisent une technologie et une ingénierie qui exigent des moyens colossaux. A D ubaï, des quartiers sont construit en mer. Au Maroc, la mosquée Hassan II se trouve dans la mer. Donc, on ne doit pas construire de bâtiments dans une île, une presqu’île, un marigot ou un bas fond. La deuxième chose à savoir est qu’il faut que l’étude des sols se fassent. Il y’a des sols Dior, les sols hydromorphe, les sols argileux….Le même bâtiment n’est pas applicable le à tous les types de sol. Chaque type de sol à une exigence par rapport aux normes de construction >>.
<<On ne peut construire n’importe où>>
Poursuivant toujours dans l’anonymat, le haut fonctionnaire signale que <<si ces préalables ne sont pas réglées, la menace, le risque et la vulnérabilité seront tous là. Il faut surtout préciser que parfois, l’autorité administrative donne des papiers légalement établis avec le respect des normes prescrites, mais le problème c’est dans l’application une fois que la personne a ces documents-là, elle ne passe pas par les services techniques de l’Etat, c’est-à-dire le service de l’Urbanisme, la Descos, la protection civile. Un affichage du tableau pour montrer l’arrêté autorisant la construit et le maitre d’ouvrage, sont aussi exigés. Cela permet de de vérifier si les plans autorisés ont été appliqués. L’inspection du bâtiment sera chargée de vérifications. Les communes, elles aussi avec leur commission Urbanisme et Habitat, doivent signaler tout non-respect des normes en matière de construction. Elles peuvent même donner une sommation au maitre d’ouvrage ou bien saisir les autorités compétentes car toutes les étapes du bâtiment doivent être vérifiées. Le dosage en ciment et en fer sera pris en compte. Après la construction, un Procès-verbal de réception du bâtiment sera rédigé afin qu’on puisse relever que toutes les normes ont été respectées>>.
Revenant à la charge, l’Expert consultant Omar Badji a donné des avertissements au sénégalais désirant construire des bâtiments. <<On ne peut construire n’importe comment un bâtiment. En dehors de la demande de construire, il y’a plusieurs parties intervenantes dans la construction. Avant tout, il faut trouver une parcelle et c’est l’urbanisme qui détermine les endroits où les populations doivent pouvoir habiter. Mais, aujourd’hui, nous constatons qu’avec certains promoteurs, il y’a des zones non habitables ou peu habitables qui sont morcelées puis vendues. Il y’a certains préalables, tels que l’assainissement, l’accessibilité à l’eau et à l’électricité, qui doivent être réglés pour que la personne puisse y construire. La majeure partie des localité liées à l’inondation ou à l’effondrement des bâtiments se trouvent dans ces zones-là qui ne sont pas très commodes à l’habitation>>, dit M. Badji, qui souhaite que les gens mettent l’accent sur les équipements de protection collective.
ABDOU MBODJ
CITE SIPRES DE RUFISQUE
Journal L’OBSERVATEUR N˚5968 du Vendredi 25 Aout 2023